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Que la finance serve le bien commun : hommes/femmes de bonne volonté, tous concernés
 

L’Académie Pontificale des Sciences Sociales a publié le 29 novembre 2022  “Mensuram Bonam"  : un appel à l'action adressé aux femmes et aux hommes de bonne volonté pour qu'ils fassent de la finance un moyen au service du bien commun. Il y tant à faire ! Et, conformément aux Textes : c'est à eux, -à nous- de le faire... Pas de "Deus ex machina" à attendre du Ciel. Retroussons nos manches.

 

 

Mensuram Bonam couv   Cet appel, en vue d’une finance davantage inspirée par la Pensée Sociale de l’Église converge avec l’élan réformiste que le    Pape François a initié et met en place, progressivement (cf notre article du 15 août 2022) avec, notamment, la réorganisation des institutions financières et la nouvelle stratégie d’investissement du Vatican.

 

 Les travaux de l’Académie Pontificale publiés dans Mensuram Bonam font tout d’abord référence à l’ambition de la deuxième session du Concile Vatican II (1962-1965) qui était, à l’échelle de la vie terrestre des fidèles de l’Église, de les encourager à des réflexions sur divers sujets afin que les hommes trouvent par eux-mêmes les solutions “techniques” à mettre en œuvre, sans attendre un “Deus ex machina” dictant ces solutions...

 

 En l’occurrence il s’agit d’un texte qui se veut éclairant, et non pas contraignant, à propos du rôle que chacun est appelé à jouer, dans l’économie via la finance. Il relève que les Dicastères de la Curie Romaine appellent à une utilisation et à une gestion en accord avec les commandements de La Bible qui servent l’œuvre et les volontés de Dieu : “Il est important que la gestion des biens créés, comprenant toutes les formes d'activité financière, en particulier la gestion d'actifs, soit dirigée pour refléter ce don de Dieu à la famille humaine, en servant le bien commun, en respectant la justice et les normes éthiques”.

 

 Les auteurs soulignent que l’Eglise n’a ni le droit ni le pouvoir de s’immiscer dans les politiques publiques ou dans les vies privées des fidèles. En revanche, Elle souhaite poursuivre sa mission qui est celle de la recherche de la vérité, et conformément à l’Evangile de Jean au Chapitre 8 verset 32, il n’y a que la vérité qui permet de parvenir à la liberté.


 “Dès lors, la lumière de l'Evangile et de la Doctrine Sociale Catholique que Mensuram Bonam entend apporter sur la gestion des avoirs financiers relève de la mission de vérité de l’Eglise, qui n'est pas seulement la vérité de la foi, mais aussi la vérité de la raison. L’enseignement social de l'Église est une application particulière de cette rencontre entre la lumière de la foi et la lumière de la raison”.

 

 

Dans le cadre des activités et des convictions de notre association, cette prise de position de l'Académie vaticane constitue une sorte de consécration de la vision de notre fondatrice Sœur Nicole Reille. Ce document confirme également que la mission est loin d'être achevée ; elle est plutôt destinée à prendre de l'ampleur dans l’avenir.

 

Pour les auteurs de Mensuram Bonam qui ont travaillé sous l'égide de l'Académie des Sciences Sociales du Vatican : "Depuis que la finance a pris un rôle éminent à tous les niveaux de l'activité humaine, (...) réfléchir aux exigences de la vie de disciple chrétien, y compris la vocation des personnes à la gestion dans ce domaine, est devenu plus critique. Il est important que la gestion de ces biens, en particulier des actifs  -et toutes les formes d'activité financière sont incluses dans ce raisonnement-, soit efficace et orientée pour refléter ce don de Dieu à la famille humaine, en servant le bien commun, en respectant la justice et les normes éthiques" (...)

 

Quelques "verbatim" (provisoires, car la traduction en français n'est à date pas encore parue) :

 

« Comme le Pape François l'observe souvent, la crise actuelle due à la pandémie de Covid-19 a mis à jour d'autres pandémies affectant les systèmes sociaux pour les rendre dysfonctionnels, d'où l'insécurité de l'emploi, le faible accès aux soins de santé, l'insécurité alimentaire et la corruption. (...) Chaque fois que cela est nécessaire, nous sommes appelés à soutenir les changements de valeur nécessaires, via les critères d'investissement pour bâtir un avenir post-pandémique meilleur, dans lequel nous voulons investir».

 

« Les paroles du pape Benoît XVI à propos de la crise financière de 2008 restent d'actualité : "La crise actuelle nous oblige à replanifier notre parcours à nous fixer de nouvelles règles et à découvrir de nouvelles formes d'engagement, à nous appuyer sur les expériences positives et à rejeter les expériences négatives. La crise devient ainsi une occasion de discernement, dans laquelle nous pouvons façonner une nouvelle vision de l'avenir". Dans cet esprit, avec confiance plutôt qu'avec résignation, il convient d'aborder les difficultés du temps présent »[Caritas in veritate, 21].

 

 

L'un de ces participants au groupe de travail signataire de cette publication, Pierre De Lauzun observe dans l'un de ses derniers livres,  Finance A Christian Perspective From the Medieval Bank to Financial Globalization (2021) : " Dans le Nouveau Testament, il y a une pensée et un raisonnement économiques" trop rarement pris en considération.

 

Pierre de Lauzun, l'un des membres du groupe de travail à l'origine de Mensuram Bonam l'évoque précisément dans l'entretien qu'il a accordé à Ethique et Investissement, représenté par Pierre-Henry Leroy, membre du CA. Un échange nourri, sur plusieurs sujets tantôt historiques, tantôt d'actualité, à visionner ici.

 

 

Michèle Royer

avec Viviane Kao

 

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